Née à Mardine en 1911, Arménienne catholique, elle a été déportée avec sa mère et sa famille à Quneitra. Son père a été martyrisé. Elle rapporte certains souvenirs de Mgr. Maloyan. Elle est l’un des 25 témoins au procès diocésain de Mgr. Ignace Maloyan. Elle fut interrogée par Mgr. Antranik Ayvazian, vicaire général de Kamichli des Arméniens catholiques, en 1986.
1. Je m’appelle Zahoura Hanna Mafrék, née à Mardine en 1911. J’ai actuellement soixante-quinze ans. Mes parents étaient Arméniens catholiques. Mon père Hanna a été emmené dans le convoi pour être massacré, et j’avais à ce moment là quatre ans ; ma mère s’appelait Virginie. C’est Mgr. Antranik Ayvazian qui m’a demandé de venir témoigner.
2. Le jeudi, fête du S. Sacrement, lorsque nous étions à l’église, les miliciens turcs y sont entrés et ont obligé Mgr. Maloyan de les suivre au Sérail. Puis, lorsque nous étions au repas de midi, ils sont venus prendre mon père et mes deux oncles, Georges et Francis, et les conduisirent à la citadelle. Je suis restée à la maison avec ma mère et mes deux sœurs. Les miliciens sont venus nous prendre et nous conduisirent en train jusqu’à la ville de Quneitra, après nous avoir amené à pieds et à dos d’âne de Mardine à Ras-el-Ayn. Je jure que je dis la vérité telle qu’elle est.
3. Mgr. Maloyan a été conduit jusqu’à Agabat Mardine, avec tout le convoi, mon père aussi. Ils ont été tous fusillés et tués. Ils ont été tués parce qu’ils étaient chrétiens, arméniens et même chaldéens de la famille Chouha. Mon grand-père maternel, qui s’appelait également Hanna, a été épargné parce qu’il était couturier de manteaux pour les militaires turcs, et c’est lui qui s’est chargé de mon éducation et de celle de mes deux sœurs. Ainsi, comme il était d’une profession dont ils avaient besoin (les manteaux de peaux d’animaux), il a été épargné, tandis que mon oncle maternel, Youssef, a été emmené avec les autres.
4. Je jure que Mgr. Maloyan était un saint. Il est mort martyr avec les autres pour la foi du Christ.
5. Je souhaite de tout coeur que Mgr. Maloyan soit béatifié et canonisé, non pas moi seule, mais toute la communauté le désire également.
Elle a trouvé sa disposition conforme à ses dires et elle a ajouté que, après que les événements prirent fin, elle a dû rentrer avec les autres, de Qouneitra à Alep où elle résida six mois,
puis elle retourna avec les autres à Mardine.
Mais elle n’a pas été visiter le lieu du massacre et du martyre de Mgr. Maloyan et de son père, d’une part parce que le lieu se trouvait à quelques trois heures de marche de Mardine, dans un lieu qui s’appelait al-Aqabeh, et d’autre part, parce qu’elle ne pouvait pas revoir les horreurs du massacre.