Salutation de SB Bedros XIX, Patriarche de Cilicie des Arméniens Catholiques, à la fin de la messe célébrée à la Basilique vaticane, le 12 avril 2015, pour le Centenaire du génocide arménien, en présence de SS Karékine II, Patriarche Suprême et Catholicos de Tous les Arméniens ; SS Aram I, Catholicos de la Grande Maison de Cilicie et SE Serzh Sargsyan , Président de la République d’Arménie *
Bienheureux Saint-Père,
Pour conclure cette célébration eucharistique qui nous a remplis de la grâce sacramentelle, et a été suivie du rite de proclamation du Saint moine arménien, Grégoire de Narek, maître et gloire du peuple arménien, sous l’éminent titre de docteur de l’Église, toutes les personnes présentes aujourd’hui dans cette sainte basilique, mais surtout les fidèles arméniens sont pleins de joie, une grande joie que je partage avec eux.
Tous ceux qui ont lu ou auront la possibilité de lire une page des œuvres de ce moine, théologien et poète, seront touchés par la piété et la doctrine du grand saint, qui a vécu entre l’an 950 et l’an 1005.
Il faut savoir que saint Grégoire de Narek est le plus aimé et le plus lu parmi les saints du peuple arménien. La dévotion qu’on lui doit, qui a commencé aussitôt après sa mort et n’a jamais cessé, s’était tellement généralisée parmi les familles d’Arménie que beaucoup d’entre elles tenaient sur leur table de chevet une copie de son « Livre des Lamentations » à côté de la sainte Bible. Encore aujourd’hui, beaucoup de ceux qui le lisent en traduction, sont si touchés dans leur cœur qu’ils n’ont de cesse d’avoir fini de lire tout le livre. Certains ont les larmes aux yeux, émus par sa profondeur, mais surtout de le voir s’identifier à tous les pécheurs de tous les siècles. Dans certains couvents, frères et sœurs se le passent de main en main.
À l’occasion des célébrations commémorant le centenaire du génocide qui a frappé près d’un million et demi d’Arméniens, parce qu’il étaient chrétiens, j’ai confiance que l’élévation de saint Grégoire de Narek au titre de docteur de l’Église, sera un événement qui suscitera encore plus de dévotion à son égard, et que cela aidera le peuple arménien à surmonter les malheurs qu’il a endurés il y a un siècle, et tous les peuples chrétiens qui subissent aujourd’hui, surtout au Moyen Orient, les mêmes calamités.
Il faudrait ajouter la dévotion filiale de Grégoire de Narek à la Mère de Dieu, qui touche profondément les cœurs. En effet, dans son panégyrique de la Theotokos, saint Grégoire de Narek approfondit avec une puissante inspiration poétique les divers aspects du mystère de l’incarnation, et chacun de ces aspects est pour lui une occasion de chanter et d’exalter l’extraordinaire dignité et la magnifique beauté de la Vierge Marie, mère du Verbe incarné.
Pas étonnant donc que Marie occupe une place privilégiée dans le culte des anciennes Églises orientales, avec une incomparable abondance de fêtes et d’hymnes.
Comme on le voit si bien dans le « Livre des Lamentations » de saint Grégoire de Narek :
« Fléchis le genoux pour obtenir ma réconciliation, ô Toi, Mère de Dieu.
Aie souci de moi qui suis malheureux, ô Tabernacle du Très-Haut,
Tends-moi la main dans ma chute, ô Temple céleste.
Glorifie ton Fils en toi : qu’il daigne opérer divinement en moi le miracle du pardon et de la miséricorde,
Servante et Mère de Dieu : que ton honneur soit exalté par moi, et que mon salut soit manifesté par toi! » (LXXX, Il).
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