Nous avons relevé des indices sur la vertu d’espérance chez le P. Léonard.
Espérer, c’est être optimiste, c’est compter sur la Providence et sur la Grâce, c’est n’avoir pas peur de l’avenir.
Nous pensons que le P. Léonard a vécu tout cela. Déjà jeune homme de 14 ans, il s’embarquait du Liban à Constantinople. Il fallait une dose de courage pour partir ainsi, tout en sachant qu’il ne reviendrait peut-être jamais, vu qu’il serait, onze ans plus tard, envoyé missionnaire, non au Liban, mais dans la lointaine Arménie ou la Mésopotamie. Il partit, se confiant à la grâce de Dieu, se remettant à Marie en suivant la consigne des chrétiens libanais : « Maman, jette moi, Marie, attrape moi ».
Il s’attendait à être envoyé là-bas, comme le témoigne le P. Jean-Antoine de Milan dans sa lettre au P. Général, lors de son passage à la Maison d’Études de Boudja :
Deux jeunes Pères, Thomas et Léonard de Baabdath, qui ont déjà fini les études, m’ont demandé s’ils sont destinés à la Mésopotamie… Je serais heureux si la réponse sera affirmative. 1
En effet, la réponse fut positive. Nous pensons que le P. Bonaventure exprimait leur sentiment, comme l’écrit ce même P. Jean-Antoine :
Le P. Bonaventure est tout en joie suite à un message reçu disant que les deux jeunes Pères, ses compagnons à Boudja, seront destinés par Votre Paternité à notre Mission. 2
Un an après son arrivée à Mardine, le P. Léonard reconnaît :
Naturellement, les difficultés n’ont pas manqué comme elles ne manquent point à tout missionnaire, mais grâce à Dieu, j’ai pu les surmonter. 3
C’est l’aide de Dieu qu’il implore sur son Supérieur Général :
Que le Seigneur vous concède généreusement ses grâces, vous aide dans toutes les nécessités et spécialement dans le suprême gouvernement de l’Ordre entier… Il n’y a pas de doute que notre Ordre, guidé par un chef si habile et si avisé, moyennant l’assistance de notre Séraphique Père, soit prospère et donne de copieux et très bons fruits. 4
Il applaudit à la proclamation de l’Institut de Boudja Commissariat Provincial du Sacré-Cœur de Jésus :
Je me suis dis à moi-même: tout ceci est l’œuvre du Seigneur Dieu. 5
Il espère que les nouveaux Supérieurs du Commissariat ...feront certainement refleurir l’observance de la Règle, gagneront la sympathie de tous et feront marcher le Commissariat comme il se doit. 6
Dans une nouvelle lettre, la dernière que nous ayons de lui, il souhaite à son Supérieur la grâce de Dieu et s’en remet entre les mains de la Providence :
Que l’année 1913 vous soit une source de toute grâce et de tout bien et que Dieu vous conserve longuement et vous assiste avec sa puissante grâce… Notre situation est assez critique à cause de la guerre entre la Turquie et les Etats Balkaniques… pourtant, nous ne pouvons trop nous lamenter quoiqu’il y ait beaucoup de menaces. De toute façon, nous sommes remis entièrement entre les mains de Dieu. Que sa Sainte volonté soit faite. 7
1 Lettre du P. Jean-Antoine de Milan au P. Général, Boudja, 3 mai 1906, Archives Générales des Capucins à Rome, Fonds H72, Littere Superiorum 66bis.
2 Lettre du P. Jean-Antoine de Milan au P. Général, Ourfa, 15 juin 1906, Archives Générales des Capucins à Rome, Fonds H72, Littere Superiorum 68.
3 Lettre du P. Léonard au P. Général, Mardine, 7 août 1907, Archives Générales des Capucins à Rome, Fonds H72, Privati 96.
4 Lettre du P. Léonard au P. Général, Mardine, 29 décembre 1909, Archives Générales des Capucins à Rome, Fonds H72, Privati 6.
5 Lettre du P. Léonard au P. Général, Ourfa, 20 mars 1912, Archives Générales des Capucins à Rome, Fonds H72, Privati 20.
6 Ibid.
7 Lettre du P. Léonard au P. Général, Ourfa, 18 décembre 1912, Archives Générales des Capucins à Rome, Fonds H72, Privati 30.