Né à Mardine en 1908, Arménien catholique, fils de Joseph Barich. Son père, ses deux frères, sa sœur furent tous massacrés après avoir refusés les offres d’un voisin musulman. Il est l’un des 25 témoins au procès diocésain de Mgr. Ignace Maloyan. Il fut interrogé par Mgr. Joseph Djennandji, évêque de Kamichli des Arméniens catholiques, en 1966.
Je suis né à Mardine en 1908. En 1915, mon frère Alexandre, âgé de dix huit ans, fut emmené par la milice hors de Mardine où il fut tué. Quant à mon frère François, il était un des quatres cent dix sept fidèles Arméniens catholiques emmenés avec l’Archevêque Maloyan et ses prêtres, en direction de Diarbakr où ils furent tous tués.
Je me rappelle qu’à Mardine, nous habitions la maison d’un musulman, nommé Hassan Madé, qui proposa à mon père Joseph de lui donner ma sœur en épouse ; et en compensation, il promettait de nous sauver de l’émigration et de la mort. Mon pieux père lui répondit : « Je préfère voir tous mes enfants coupés en morceaux devant moi que de consentir à un tel crime ».
À la fin du mois de juin ou au début de juillet 1915, la milice fit sortir de Mardine un groupe de Chrétiens, hommes, femmes et enfants, environ cinq cents personnes. Nous, les restants de la famille, étions avec eux. Près de Ras-el-Ayn, un grand nombre parmi nous furent massacrés. Il en restait des petits et des jeunes filles. Et je me rappelle que trois Kurdes se sont battus pour qui pourra ravir ma sœur Bahia, agée de treize ans. Deux d’entre eux furent tués. Et quand le troisième a voulu la ravir, elle refusa sa demande disant : « Je vis et je meurs pour la religion du Christ ». Alors le Kurde la frappa de son poignard et elle tomba morte pour le Christ.
Kamichli, le 15 mars 1966