Récits du martyre
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Témoins du procès Maloyan
Cross

Card. Gabriel Tappouni

Le Patriarche syriaque catholique, Ignace Gabriel I Tappouni (Mgr. Mikhaïl Aljamil, Assalassel Attarikhya – Les chaînes de l’Histoire, Beyrouth, 2003)
Le Patriarche syriaque catholique, Ignace Gabriel I Tappouni (Mgr. Mikhaïl Aljamil, Assalassel Attarikhya – Les chaînes de l’Histoire, Beyrouth, 2003)


Né à Mossoul le 3/11/1879 – mort à Beyrouth le 29/12/1968
Vicaire patriarcale de Mardine, Théophil Gabriel Tappouni (1913-1918)
Archevêque d’Alep, Dionysius Gabriel Tappouni (1919-1929)
Patriarche des Syriaques catholiques, Ignace Gabriel I Tappouni (1929-1968)
Crée Cardinal en 1935 par Pie XI.
Son témoignage revêt une importance particulière. Mgr. Maloyan lui avait fait des adieux émouvants avant d’être arrêté et exécuté.
Âgé de quatre vingt sept ans, il fut l’un des 25 témoins au procès diocésain de Mgr. Ignace Maloyan. Il fut interrogé par S. B. le Patriarche Ignace Pierre XVI Batanian des Arméniens catholiques, à Beyrouth, en 1966.

 

Q. Le serviteur de Dieu quand est-il né ? Où ? Qui furent ses parents ? Comment fut-il éduqué ? A-t-il donné des indices de sainteté ?

R. J’ai connu Mgr. Maloyan quand il était vicaire patriarcal de Mardine. Mgr. Maloyan a montré tant de zèle, de prudence et tant de piété que les fidèles le voulurent comme archevêque de Mardine. L’occasion de connaître Mgr. Maloyan s’est présentée lorsque, en qualité de secrétaire du Délégué Apostolique de Mésopotamie, Mgr. Drure, j’ai été à Mardine avec lui. Mgr. Drure et moi-même avons constaté que l’administration du diocèse de Mardine par Mgr. Maloyan donnait pleine satisfaction à tout le monde, grâce à son esprit profondément sacerdotal, à son zèle, à sa clairvoyance, et son dévouement pour tout ce qui concerne les communautés chrétiennes et particulièrement la communauté arménienne catholique, de sorte que tous les fidèles étaient unanimes à le demander comme archevêque de Mardine. Et le Délégué Apostolique lui-même l’estimait beaucoup.

Q. Quelle conduite a-t-il eu dans sa première jeunesse ? Comment a-t-il exercé les vertus en général, et spécialement les vertus théologales et cardinales ?

R. Je ne suis pas au courant de son enfance et de sa jeunesse. Pendant tout le temps que je l’ai connu, je n’ai jamais observé le moindre cas de manquement dans sa conduite ou dans l’exercice des vertus ; au contraire, il nous a toujours édifiés.

Q. Quelle opinion y eut-il au sujet du serviteur de Dieu durant sa vie, pour ce qui regarde la renommée de sa sainteté ? Est-ce que les hommes honnêtes et pieux l’estimaient comme saint ?

R. L’opinion de son entourage au sujet de sa sainteté de vie et particulièrement des personnes honnêtes et vertueuses, a été qu’il était édifiant.

Q. Ex officio, Votre Eminence croit-elle que le cas de Mgr. Maloyan était le cas d’un martyr ?

R. Certainement. En mon opinion c’est le cas de tous ceux qui ont été massacrés parmi la population de Mardine ; de sorte que les Pères Dominicains, c.à.d. le P. Berré, supérieur de la Mission de Mossoul , le P. Rhétoré et le P. Simon, qui étaient chez moi durant leur exil de Mossoul , ne cessaient de dire que Mardine est la ville des martyrs. Ils avaient, en effet, assisté à tous les massacres de Mardine et ses environs. À l’appui de ce que je viens de dire, j’ajoute que quelques familles chrétiennes, alléchées malheureusement par les appels des musulmans à se faire musulmanes pour avoir la vie sauve, ont apostasié effectivement et ont eu la vie sauve et des égards de la part des musulmans. Ces familles n’étaient que trois ou quatre et qui, après la guerre, se sont repenties et sont retournées à la Foi. Ce seul fait prouve assez que ceux qui sont morts, ont donné leur vie pour rester fidèles à leur Foi chrétienne. Le cas concerne tous les Catholiques des différentes communautés de Mardine.

Q. Le Serviteur de Dieu a-t-il subi le martyre de la part du tyran en haine de la Foi ? Où ? Comment ?

R. Certainement, il a subi le martyre en haine de la Foi. Pour ce qui est de la place, c’est entre Mardine et Diarbakr. Exactement, je ne saurais le dire, mais il y a un membre de la famille Maloyan qui doit actuellement se trouver à Alep, et qui a pu, presque par miracle, être sauvé de la mort dont ont été victimes Mgr. Maloyan et ses compagnons. Celui-là était avec le convoi et doit certainement savoir la place exacte. Le bruit qui a couru est que c’est par fusillade, pour la plupart de ceux qui ont été déportés de Mardine.

Q. A-t-il eu des compagnons de martyre parmi les prêtres et les fidèles de son diocèse ? Veuillez citer quelques-uns.

R. Il y a eu des compagnons à Mgr. Maloyan à subir le Martyre, ce sont tous ceux qui formaient avec lui le premier convoi qui comprenait presque tout le clergé arménien catholique, quelques prêtres syriaques catholiques et presque tous les notables des communautés catholiques de Mardine. Vous pouvez avoir des détails à ce sujet dans l’écrit du P. Simon, qui était là, écrivait au jour le jour ce qu’il entendait. Pour ce qui est des noms, à part un ou deux prêtres arméniens, tous les autres ont été massacrés. Les prêtres syriaques sont le P. Bardah et d’autres qui ont été massacrés dans les convois qui ont suivi.

Q. Quels furent les faits, antécédents, concomitants, et suivants leur martyre ? A-t-il été accompagné par des prodiges, soit durant le fait, soit après ?

R. Comme fait antécédent : peu après le massacre, le bruit a couru que on avait proposé l’apostasie à tout le convoi. Et avant même le massacre, Mgr. Maloyan a fait une exhortation pour que tous offrent leur vie à N. Seigneur ; et de fait, pas un n’a reculé devant le martyre. On a également dit que Mgr. Maloyan, à la fin de son exhortation, a pris du pain, l’a consacré et l’a distribué en viatique aux présents, profitant du délai accordé par les tyrans mêmes pour faire une prière de préparation à la mort. Au moment de cette distribution, une nuée serait venue couvrir tous les présents. Après le massacre, chez tous les Chrétiens suivants, l’opinion était et est jusqu’à ce moment, que toutes les personnes de ce convoi sont de vrais martyrs.

Q. Quelle renommée fut-elle au sujet de leur mort ? Que savez-vous au sujet de leur sépulture ? Est-ce qu’ils sont honorés de culte ?

R. J’ai déjà dit que l’opinion publique est qu’ils sont de vrais martyrs ; ils ont été jetés, dit-on, dans un puits. On ne leur a professé aucun culte.

Q. Est-ce que vous avez quelque chose à ajouter, à retrancher, à corriger ?

R. Rien.

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...et, une fois de plus, la bure franciscaine fut teinte du sang des martyrs...
LeonardMelki
© Farés Melki 2013