Née à Mardine en 1884, elle rapporte comment Mgr. Maloyan connaissait déjà la sentence d’extermination et qu’il a refusé de fuir et d’apostasier. Elle donne des détails de la mort, rapportés par un des bourreaux. Elle est l’un des 25 témoins au procès diocésain de Mgr. Ignace Maloyan. Elle fut interrogé par S. B. le Patriarche Ignace Pierre XVI Batanian des Arméniens catholiques, à Beyrouth, en 1966.
Q. Quel est votre nom ?
R. Wardé Katmarji , femme de Antoun Bedros, âgée de quatre vingt cinq ans, Arménienne catholique.
Q. Où étiez-vous pendant les déportations de Mardine et que savez-vous au sujet de Mgr. Maloyan et de ses compagnons ?
R. J’étais à Mardine et nous habitions un quartier où il y avait beaucoup de musulmans comme voisins. Mon frère, le P. Gabriel Katmarji était arrivé nouveau prêtre à Mardine depuis peu de temps. Des connaissances et un autre frère que j’avais à Alep avaient attiré notre attention sur la nécessité d’éloigner en un lieu sûr notre frère prêtre qui sera trouvé en grand danger dans les tristes événements qu’on prévoyait.
Nous avons parlé de cela à Mgr. Maloyan et à mon frère prêtre qui, en quelque sorte, nous ont rassurés et qui nous ont dit qu’ils continueraient tranquillement leur ministère sans point penser à se retirer dans leurs familles ou aller ailleurs.
Mgr. Maloyan a été arrêté avec bon nombre de ses prêtres et quelques centaines de fidèles. On les a emprisonnés pendant une semaine, puis on les a déportés. J’ai vu le convoi qui a passé près de notre maison, et j’ai vu les tourments qu’on faisait subir à Mgr. Maloyan et à ses compagnons qui marchaient pieds nus, et étaient frappés avec les crosses des fusils. Ils les ont emmenés à Kalaat Zirzawane, où ils les ont tués et jetés dans un puits.
Durant toutes les tortures qu’on leur faisait subir, on leur proposait de renier leur foi et de devenir musulmans. Ils refusaient catégoriquement. Mgr. Maloyan demanda du pain sur lequel il pria et le distribua aux présents. À ce moment, une espèce de nuée a couvert le ciel, causant l’étonnement des bourreaux qui les entouraient. Ces détails ont été racontés par des soldats qui avaient accompagné le convoi. Parmi ces soldats, il y en avait un de nos voisins, de la famille Arso Rachek et un autre Hassan Aliké qui habitait un peu au dessus de nous ; nous les avons entendus raconter ces choses.
Mon frère, le P. Gabriel Katmarji est parti dans le second convoi qui avait été dirigé vers Diarbakr, avec d’autres prêtres et fidèles. Ils ont été torturés et tués au premier caravan sérail qui s’appelle Chikhane, près de Mardine. Avant de les tuer à Chikhane, ils leurs ont proposé de renier leur foi chrétienne. Ils ont répondu : « Nous voulons vivre et mourir dans notre foi chrétienne. Et nous acceptons tout ce qui vient du Ciel ».
Q. Avez-vous quelque chose à ajouter ?
R. Rien.